Une alimentation insuffisamment riche en énergie, en protéines et en nutriments pour couvrir ses besoins entraîne un amaigrissement, symptôme trop souvent banalisé. S’il est important, l’amaigrissement est responsable de dénutrition, potentiellement grave. Il est important de la repérer rapidement.
QU’EST-CE QUE L’AMAIGRISSEMENT ET LA DÉNUTRITION ?
La dénutrition est l’état du corps observé lorsqu’il y a un déséquilibre nutritionnel. Le corps reçoit, par l’alimentation, insuffisamment d’énergie, de protéines et de nutriments pour bien fonctionner et couvrir ses besoins.
Il en résulte un amaigrissement important, une diminution du tissu adipeux (de graisse) et surtout de la masse des muscles du corps. La fonte musculaire est à l’origine de la plupart des complications de la dénutrition.
Malnutrition et dénutrition : quelle différence ?
Par malnutrition, on entend les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne.
La malnutrition regroupe :
- la dénutrition,
- la malnutrition en matière de micronutriment (nutriments sans valeur énergétique : vitamines et minéraux), qui comprend la carence ou l’excès en micronutriments,
- le surpoids, l’obésité et les maladies liées aux déséquilibres de l’alimentation (par exemple, les cardiopathies ischémiques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et certains cancers).
LA DÉNUTRITION EST-ELLE FRÉQUENTE ?
La dénutrition touche 2 millions de français dont 800 000 personnes âgées, mais également des jeunes, des adultes et des enfants.
Depuis 2020, les malades de la Covid sont aussi concernés soit après une hospitalisation soit au cours de symptômes prolongés de la Covid.
LES CAUSES ET SITUATIONS FAVORISANT LA DÉNUTRITION
Comment survient la perte de poids ?
La dénutrition résulte de trois types de mécanismes parfois associés. Le plus souvent, elle est la conséquence d’une diminution des apports alimentaires. Dans d’autres cas, au cours de certaines situations et maladies, la dénutrition est en rapport avec une augmentation des pertes d’énergie et de protéines par le corps ou une augmentation de ses besoins énergétiques non couverts par l’alimentation.
Nous avons besoin d’énergie pour vivre et cette énergie est exclusivement apportée par notre alimentation.
Lorsque nous mangeons plus d’énergie que nous en dépensons, l’excès est stocké principalement dans nos tissus graisseux et notre poids augmente.
Au contraire, lorsque nous mangeons moins d’énergie que nous en dépensons, nous devons puiser dans nos réserves. Si beaucoup d’organes se satisfont de l’énergie stockée sous forme de graisse (les lipides), certains ne sont pas capables d’utiliser directement cette forme d’énergie. Pour satisfaire ces organes, le corps va fabriquer du glucose à partir des protéines (principalement musculaires). Ainsi, lorsque l’on maigrit, on perd à la fois de la graisse et des muscles. Un individu qui maigrit sans avoir de maladie associée perd principalement de la graisse et peu de muscle. En revanche, lorsque l’on est malade, le métabolisme est modifié de sorte que, pour un même déficit énergétique, le corps va consommer plus de muscle, d’où la fonte musculaire.
Quelles sont les situations favorisant la dénutrition ?
Une perte d’appétit, principale cause d’amaigrissement
L’amaigrissement est souvent lié à une baisse de l’appétit. Cette baisse de l’appétit a de nombreuses causes :
- la perte de l’envie de manger liée à un isolement social, une entrée en maison de retraite ou une hospitalisation,
- une alimentation insuffisante due à des difficultés financières ou à des difficultés de mobilité ou un handicap,
- un régime alimentaire restrictif, soit volontaire (régime amaigrissant), soit imposé (régime sans sel, sans résidu…),
- des troubles psychologiques ou cognitifs conduisant à réduire son alimentation :
- anorexie mentale,
- addiction à des substances non médicamenteuses (surtout chez les jeunes),
- dépression,
- maladie d’Alzheimer,
- une perte d’appétit due à des douleurs prolongées, à une maladie chronique (cirrhose, cancers, BPCO, insuffisance rénale, mucoviscidose par ex) ou à un alcoolisme.
Des activités physiques d’endurance non compensées
Si l’apport alimentaire ne compense pas les pertes énergétiques, un amaigrissement survient.
Une maladie
Une maladie infectieuse (tuberculose, VIH .. ), une hyperthyroïdie, des brûlures ou plaies étendues qui augmentent les besoins en énergie du corps.
Des troubles digestifs chroniques
Ils sont fréquemment en cause dans la perte de poids :
- nausées, douleurs abdominales, constipation sévère, dyspepsie ou mauvaise digestion, diarrhée et vomissements prolongés, malabsorption intestinale de la maladie cœliaque, de la maladie de Crohn,
- des douleurs de la bouche : gingivite, mycose de la bouche, manque de dents, appareil dentaire inadapté, sécheresse de la bouche,
- ou des difficultés à avaler.
Un traitement
La prise de médicaments (chimiothérapie anticancéreuse, neuroleptiques…) ou une chirurgie lourde (chirurgie de l’obésité par exemple) favorisent la dénutition.
*Ce contenu a été construit par :
- le docteur Laurence Rinuy, médecin-conseil à l’Assurance Maladie,
- le docteur Myriam Boivin, médecin-conseil à l’Assurance Maladie,
- et le docteur Jean-François Laurent, pharmacien-conseil à l’Assurance Maladie.