11 mars 2025
Comment savoir si son enfant est myope ? Comment la myopie est-elle découverte ? Quels examens permettent de mesurer l\’importance de la myopie ?
Symptômes engendrés par la myopie chez l’enfant
Les parents peuvent remarquer l’existence de certains signes qui peuvent différer en fonction de l’âge :
- l\’enfant ne suit pas du regard les personnes ou les objets qui bougent devant lui ;
- il plisse les yeux (pour essayer de mieux voir) ;
- il se rapproche des objets pour mieux les voir. Par exemple, il se rapproche de la télé ou il rapproche le livre de son visage quand il lit ;
- l’enfant se plaint d’une fatigue oculaire ou de maux de tête (qui peuvent être en relation avec la fatigue oculaire) ;
- son comportement change : l\’enfant manque d’attention, il est instable, hyperactif ou il se replie sur lui-même.
Lorsqu’il est en âge de parler, l’enfant lui-même peut se plaindre d’une mauvaise vision de loin.
Découverte de la myopie à l’école
Rôle du professeur des écoles
À l’école, l’institutrice ou l’instituteur peut remarquer les signes précédents (défaut d’attention, instabilité, hyperactivité ou repli sur soi). Il/elle peut aussi constater que l’enfant présente des difficultés pour voir de loin, notamment le tableau. Ceci peut être à l’origine de mauvais résultats scolaires.
Dépistage des troubles de la vue en petite section de maternelle
Un dépistage des troubles de la vue en petite section de maternelle (de 2 ans 1/2 à 4 ans) est organisé par l’Assurance Maladie et l’Éducation nationale. Il est en effet important de dépister au plus tôt un trouble de la vue pour permettre à l’enfant de bien démarrer ses apprentissages à l’école. Cet examen de dépistage gratuit demande une simple autorisation de votre part.
Dépistage lors des bilans de santé programmés à l’école
La myopie peut être également dépistée lors d’un bilan de santé obligatoire effectué à l’école :
- bilan de santé entre trois et quatre ans organisé à l\’école par la PMI (protection maternelle infantile) ;
- bilan de santé entre cinq et six ans effectuée par la médecine scolaire ;
- visite de dépistage infirmier lors de la douzième année de l’enfant.
Pour en savoir plus, consulter l\’article Le suivi de la santé des élèves sur le site du Ministère de l\’Éducation nationale
Découverte par le médecin traitant ou le pédiatre
Lors d’une consultation médicale (et notamment lors d’une consultation médicale de suivi de l\’enfant), le médecin traitant ou le pédiatre peut détecter une baisse de la vision chez l’enfant en l’examinant :
- L’enfant suit-il les objets du regard ?
- Plisse-t-il des yeux ?
À partir d’environ de l\’âge de deux ans et demi, le médecin utilise des tests de mesure de l’acuité visuelle où l’enfant participe en nommant les dessins ou les lettres représentés.
L\’examen ophtalmologique en pédiatrie : un examen systématique
Il existe des maladies oculaires qu’il s’agit de détecter et de traiter le plus tôt possible afin d’éviter toute aggravation. L’examen ophtalmologique pédiatrique fait partie de l’examen pédiatrique systématique de la maternité. Cet examen comporte l’observation des yeux de l’enfant et, dès les premiers jours, on recherche notamment le test de clignement à la lumière.
Puis, à chaque examen de suivi de l\’enfant et en fonction de son âge, le médecin effectue également un examen ophtalmologique : taille des yeux, strabisme, reflet ou mouvements anormaux, taille des pupilles, poursuite oculaire puis acuité visuelle.
En cas d\’anomalie, l\’enfant est adressé à un médecin ophtalmologue.
Comment le médecin ophtalmologue fait-il le diagnostic de myopie chez l’enfant ?
Des questions pour les parents et le grand enfant
À la suite des signes décrits précédemment, un rendez-vous chez un médecin ophtalmologue est nécessaire. Comme le pédiatre ou le médecin traitant, le médecin ophtalmologue prend soin de mettre en confiance les parents et l’enfant.
Le médecin pose des questions aux parents portant sur les symptômes présentés par l’enfant mais aussi sur les antécédents personnels de l’enfant (a-t-il eu des maladies ? a-t-il été opéré ? a-t-il des allergies ?), antécédents familiaux (existence d’une maladie héréditaire dans la famille à répercussion oculaire ?), la grossesse (maladie infectieuse pendant la grossesse ? Prise d’alcool ou de tabac ?), l’accouchement (y-a-il eu des complications lors de l’accouchement ?).
L’entretien avec les parents est complété par la consultation du carnet de santé de l’enfant (prématurité ou non ; poids de naissance ; périmètre crânien). Ces données peuvent faire évoquer certaines maladies. Lorsque l’enfant est en âge de parler et s’il peut s’exprimer à ce sujet, l’ophtalmologue l’amène à s’exprimer au sujet de sa vue et de ses difficultés visuelles.
L’examen ophtalmologique
Le médecin ophtalmologiste procède à l’examen ophtalmologique, examen adapté à l’âge de l’enfant : l’examen est spécifique chez le nourrisson jusqu’à 2 ans et à partir de 2 ans, l’enfant peut participer à l’examen.
Observation des yeux de l’enfant et du regard
Le médecin utilise le test de poursuite de la lumière à l’aide d’un stylo-lampe. Il recherche un éventuel strabisme (les deux yeux ne regardent pas dans le même axe).
Mesure de la réfraction
La mesure de la réfraction et de l’acuité visuelle permettant de détecter et de mesurer un trouble réfractif (myopie, hypermétropie, astigmatisme) est faite à l’aide d’un aide d’un appareil spécifique.
À partir d’environ deux ans et demi, l’utilisation de tests de mesure de l’acuité visuelle en vision de près et en vision de loin nécessitant la participation de l’enfant est possible.Il s’agit de tests avec des dessins puis de tests avec des lettres lorsque l’enfant connaît les lettres de l’alphabet.
Autres examens ophtalmologiques
Divers examens tels que l’examen à la lampe à fente (analyse de la surface oculaire après instillation de fluorescéine, de la cornée, de la chambre antérieure, du cristallin…), la tonométrie (mesure de la pression intra-oculaire), le fond d’œil… permettent d’explorer différentes parties et caractéristiques de l’œil. En effet, l’examen oculaire ne porte pas seulement sur la détection et l’évaluation d’une baisse de l’acuité visuelle, car celle-ci peut être le symptôme de différentes maladies (lire encadré ci-dessous « La baisse de l’acuité visuelle : un symptôme de certaines maladies »).
La baisse de l’acuité visuelle : un symptôme de certaines maladies
Le plus souvent, une baisse de la vision de l’enfant est liée à des amétropies :
- myopie ;
- hypermétropie (trouble de la réfraction qui rend difficile la perception des objets proches) ;
- astigmatisme (défaut visuel dû à une anomalie de la cornée qui provoque des images floues ou troubles sur les côtés).
Plus rarement, une baisse de l’acuité visuelle représente un symptôme d’une maladie pouvant porter sur les différentes parties qui composent l’œil (cornée, cristallin, vitrée, rétine), sur le nerf optique (reliant l’œil au cerveau, le nerf optique a pour rôle de transmettre l’image perçue par la rétine au cerveau) ou sur le cerveau. Ces maladies nécessitent un traitement spécifique.
La baisse de l’acuité visuelle peut être aussi le signe d’une amblyopie et/ou d’un strabisme (les deux yeux ne sont pas parallèles et ne regardent pas dans la même direction), qui nécessitent un traitement spécifique. L’amblyopie consiste en une différence de vision entre les deux yeux : le cerveau ignore souvent l’image envoyée par l’œil plus faible. Un traitement adapté (correction optique totale par des verres correcteurs associée à une occlusion oculaire) et le plus précoce possible permet de guérir l’amblyopie qui, si elle n’est pas traitée, évolue vers la perte définitive de la vision d’un œil.
Une forte myopie peut en outre être le symptôme d’une maladie plus générale (c’est-à-dire touchant d’autres organes que l’œil), nécessitant un traitement adapté : maladies rares d’origine génétique telles que la Maladie de Marfan (maladie héréditaire du tissu conjonctif, un tissu présent dans tout l’organisme si bien que la maladie affecte plusieurs systèmes du corps, notamment les yeux, le cœur, les vaisseaux sanguins et les os.
Ce contenu est rédigé par :
• le docteur Laurence Rinuy, médecin-conseil à l’Assurance Maladie,
• le docteur Myriam Boivin, médecin-conseil à l’Assurance Maladie,
• et le docteur Jean-François Laurent, pharmacien-conseil à l’Assurance Maladie.